03/10/2015
Faut pas être un gringalet pour suivre le sentier du Grand Caballet !
Je dédie cette note à mon ami belge, Marc, que j’ai connu grâce à notre passion commune du Caroux et qui vient de nous quitter. Il continuera de cheminer en pensée à mes cotés sur les sentiers qu’il a tant aimés….
La perspective d’aller randonner dans le Caroux fait courir dans mes jambes, la nuit qui précède, des fourmis qui m’empêchent de dormir. J’ai beau parsemer mon lit de feuilles de basilic, de menthe et des brins de lavande, qui sont réputés éloigner ces hyménoptères, rien n’y fait, les fourmis continuent d’aller et venir le long de mes guiboles jusqu’à ce que j’ai commencé d’arpenter les chemins. Elles disparaissent alors comme par enchantement, bien que je n’en vois aucune se carapater. Il faut dire que pour suivre l’ami Gibus, je remue sacrément mes guiboles et les fourmis n’aiment pas qu’on les asticote!
En un rien de temps, on prend de l’altitude et on fait la nique à un nuage étourdi qui s’est scratché sur les collines d’en face.
Nous empruntons (gracieusement, car le Caroux est généreux !) le chemin du Grand Caballet, l'un des sentiers les plus sportifs du Caroux mais qui offre de superbes perspectives sur les aiguilles qui dominent les gorges d’Heric. J’espère que mon ami Marc continue de pouvoir les admirer d’en haut.
On voit les arbres comme des êtres statiques, mais certains sont de sacrés grimpeurs qu’aucune cime n’effraie.
Contemplons cette magnifique toison dont les chênes verts ornent cet univers minéral et qui reste verte en toutes saisons, adoucissant la sauvage et austère beauté de ce massif.
Heureux comme des gamins nous sommes, Gibus et moi, d’avoir à notre disposition un tel terrain de jeux. Nos randonnées sont des parenthèses de totale insouciance et liberté pendant lesquelles nos soucis sont emportés par le vent, dissous par la pluie ou évaporés par le soleil.
Le Caroux, modeste massif si l’on se réfère à la hauteur de son sommet (1091m) n'a rien à envier aux Alpes ou aux Pyrénées quant à son aspect. On y trouve de formidables aiguilles et de vertigineux précipices qui ravissent les alpinistes. De grandes figures de l'escalade ou de l’alpinisme y sont d’ailleurs venus : Fraissinet, Azéma, Desmaison, Flematti entre autres et 250 voies d’escalade y sont ouvertes.
C’est aussi l’une des plus vieilles montagnes de France, vestige du massif hercynien qui recouvrait une grande partie de notre pays il y a 350 millions d’années. Après avoir été complètement érodé, ce massif a de nouveau été soulevé par la surrection des Pyrénées et des Alpes il y a environ 50 millions d’années. Et depuis il connaît de nouveau une lente érosion dont on voit partout les effets. Comme nous, les montagnes naissent et meurent, mais sur une autre échelle du temps.
Nous avons la chance de surprendre un grand rapace perché tout en haut de l’aiguille rocheuse qui nous fait face, sans doute un aigle royal ou un aigle de Bonelli présents dans le secteur.
Parlant de « rapace » je trouve choquant que les hommes utilisent ce terme pour qualifier ceux des leurs qui se conduisent avec cruauté et cupidité, alors que ce sont des animaux d’une grande beauté et que seule la nécessité de se nourrir conduit à tuer. C’est un travers que nous avons de prêter aux animaux nos propres vices. C’est ainsi que l’on dit que le l’homme est un loup pour l’homme, prêtant au loup une cruauté qu’il n’a pas envers ses propres congénères. Nous sommes, de fait, le plus impitoyable des prédateurs qui détruit les autres espèces pour le seul plaisir de tuer ou tout simplement parce que nous n’avons aucun respect pour ces co-locataires de notre berceau céleste. Mais nous paierons cher un jour notre cruauté et notre inconscience.
Un randonneur facétieux s’est amusé à édifier un cairn sur le haut d’un gros rocher, qui défie les intempéries et la pesanteur. Ce sympathique cairn est à l’image de nos vies suspendues au dessus du néant dans lequel elles peuvent à tout moment sombrer. Il nous invite à méditer ces magnifiques vers de ce cher Alphonse de Lamartine :
Le livre de la vie est le livre suprême
Qu'on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix ;
Le passage attachant ne s'y lit pas deux fois.
Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même ;
On voudrait revenir à la page où l'on aime
Et la page où l'on meurt est déjà sous vos doigts.
Les nuages qui envahissent peu à peu le ciel diffusent une lumière crépusculaire qui s'accordent à ces beaux vers de Lamartine et magnifient le paysage. Malgré la beauté des lieux nous pressons le pas pour regagner la vallée car des orages ont été annoncés pour la soirée et bien que nous ne soyons pas des gringalets nous ne sommes pas désireux d'affronter un orage sur le Caroux !
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Pour ceux qui connaissaient Marc ou celles et ceux de mes lectrices et lecteurs qui ont apprécié le récit de nos rencontres franco-belges sur le Caroux et ailleurs, je mets les liens vers les notes qui les relatent (cliquez sur les "note")
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE
09:41 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : caroux, grand caballet, aigle royal, lamartine
06/09/2015
Sur les pas d'un ange ! (Reprise d'archive)
Partir en randonnée de bon matin me remplit d'allégresse. La luminosité donne à chaque chose un présence plus intense; j'ai le sentiment que l'univers vient de naître, sorti du néant de la nuit et que sous son apparente matérialité il est spirituel. De fait, du « big bang » qui s'est produit il y a quinze milliards d'années, et qui a projeté des milliards de trillards de tonnes de matière en fusion aux quatre coins de l'univers, sont nés, entre autres merveilles, la rose, les ailes d'un papillon, vitis vinifera et le sourire de la Joconde, on ne peut donc qu'être convaincu de la nature spirituelle de l'univers. Ce sentiment, je l'ai éprouvé pleinement en empruntant le chemin qui mène au sommet du Mont Mars qui domine le lac du Salagou.
On passe au préalable par le sommet des Lousses qui offre des vues somptueuses sur le lac entouré d'un damier de vignes et de champs qui brodent leurs arabesques végétales sur la terre rouge des ruffes.
Soudain, après un virage brutal du sentier que je négocie avec dextérité je tombe nez à nez avec le sphynx ! « Bigre » lui dis je « que faites vous ici, vous avez quitté le Caire ! » « Oui il fait trop chaud là bas et puis j'en avais marre des touristes qui n'arrêtent pas de me photographier sans même me demander la permission ! » "Je vous comprends" lui réponds je " Ici au moins vous êtes tranquille, vous voyez sans doute plus de corbeaux que d'être humains. Mais ne vous fatiguez pas à me poser votre énigme pour m'autoriser à passer, je connais la réponse! » « Tant mieux » me rétorque-t-il « j'en ai un peu ras le bol de raconter toujours la même histoire, allez, passez et bonne route !»
Je passe ensuite devant les ruines d'une antique bergerie drappée dans un magnifique tunique de lierre. La beauté architecturale de l'abri destiné aux animaux mérite notre admiration. A mon avis la qualité du lait et des fromages dépend pour beaucoup de la qualité de l'environnement dans lequel évoluent les bêtes et c'est pour celà que le Salers l'emporte sans conteste sur le Gouda !
Là encore l'agencement des pierres donne au lieu une dimension spirituelle, car derrière l'oeuvre l'on perçoit l'intelligence du batisseur, alors que les murs de parpaings bruts qui envahissent nos villes et bordent les maisons sont des oeuvres « mortes » témoins de notre époque déshumanisée.
Moi qui pensais partir pour un lieu sauvage, je n'en avais pas fini avec les rencontres extraordinaires, car voici qu'après avoir franchi un éperon rocheux j'aperçois la tête d'un guetteur coiffé d'un casque antique surveillant la vallée !
Je comprends très vite ma méprise et découvre qu'il s'agit,de fait, d'un simple rocher émergeant de la falaise. Mais après réflexion on peut se demander si ce n'est pas la réincarnation dans le monde minéral d'un amoureux des lieux (un ancien berger ou charbonnier du coin?) dont le désir de « finir ses jours » en ces lieux a été exaucé. L'univers est spirituel vous dis je !
Mais, je ne suis pas au bout de mes surprises car un peu plus loin je tombe nez à nez avec le faciès d'un gorille, manifestement somnolent, émergeant de la garrigue. Connaissant le caractère pacifique de ces primates je ne m'effraie pas outre mesure et je passe mon chemin, le laissant à sa méditation.
Après ces péripéties, je parviens enfin au sommet du Mont Mars, dénommé aussi "de Ste Scholastique" en raison de la présence des ruines d'une antique chapelle dédiée à la soeur jumelle de St Benoit (fondateur de l'ordre des bénédictins).
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Je me repose un instant dans ce havre de paix puis explorant ces modestes ruines, je découvre dans une niche du mur d'enceinte plusieurs pierres gravées du nom de randonneurs étant passés en ce lieu au fil des ans. Parmi ces pierres l'une d'elles attire particulièrement mon attention. En effet, un prénom y est gravé « Marie-Ange-Noêl » accompagné du dessin d'un soleil et d'un message « à bientôt ».
L'émotion me saisit alors car j'ai comprends qu'il s'agit d'un message adressé à une défunte, enfant, jeune fille ou femme, par l'un ou plusieurs de ses proches lui signifiant ainsi qu'il(s) la rejoindrai(en)t au ciel « bientôt », tant est brève la vie humaine face à l'éternité. J'ai alors une pensée pour cet « ange » sans nom et sans visage, une soeur d'humanité dont le souvenir repose sous les étoiles en ce lieu empli de sérénité. Cette dernière « rencontre » me conforte dans ma conviction que le monde est spirituel et que tous les chemins mènent au paradis, un paradis où se retrouveront les hommes de bonne volonté et de toutes croyances qui pensent que nous sommes venus sur terre pour tendre la main à nos semblables et, quand c'est possible, partager une chopine de bon vin avec eux. Après être resté à méditer quelques instants en ce lieu émouvant, c'est en cheminant en pensée avec Marie-Ange Noêl, que je retourne fourbu mais plein d'allégresse dans mes pénates.
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Texte & Photos Ulysse
15:45 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : mont mars, ste scholastique, st benoît, liausson
29/08/2015
Le Caroux par la piste des charbonniers (Reprise d'archive)
Chacun dans la vie a son « Graal » : un but difficilement accessible qu’il aimerait accomplir. Pour certains c’est gravir l’Everest, le Mont Blanc, la Dune du Pyla, les marches du perron de l’Elysée, pour d’autres c’est faire un marathon, traverser la Manche à la nage ou la piscine de Pénélope Cruz ou de Julia Roberts. Pour moi, amoureux du Caroux, c’était de le gravir par la voie la plus difficile (hors parcours d’escalade que je ne pratique pas) : c’est à dire la piste dite "des charbonniers."
Je fais donc part de mon projet l’autre jour à mon ami Gibus qui l’a emprunté deux fois et en a gardé un souvenir mémorable. Il accepte de la gravir une dernière fois, tout en me mettant en garde contre la difficulté de l’entreprise. C’est en effet un parcours équipé par endroits de chaînes et dont certains passages impliquent d’utiliser une corde. On l’appelle ainsi, me précise-t-il, non pas parce qu’elle menait à des lieux de production de charbon de bois (ce qui serait impossible vu les lieux) mais parce qu’il faut avoir une foi de charbonnier pour l’affronter !
Personnellement convaincu que « le ciel » est indifférent à notre sort et qu’il vaut mieux compter sur quelqu’un que l’on connaît bien (soi même) et sur Gibus plutôt que sur quelqu’un que l’on ne connaît pas (dieu, vichnou , allah , zeuss ou toute autre divinité ) j’indique à mon ami que je maintiens mon projet . Nous nous engageons donc un beau matin (condition indispensable) dans les gorges d’Heric d’où part la piste.
A vrai dire, ce n’est même pas un piste mais une vague trace qui traverse dans sa première partie une zone d’éboulis dans lesquels des cairns permettent de garder le cap. L’objectif est d’atteindre le plateau sommital derrière les sommets que l’on aperçoit au dessus de nous en contre-jour.
Passés ces éboulis, on atteint la base d’une paroi équipée de chaînes que Gibus en montagnard expérimenté et prudent examine avant que nous nous y engagions. Etant aussi souple qu’un fauteuil Louis XVI je sens en moi une petite poussée d’adrénaline. « Mon vieux » (c’est malheureusement chaque jour un peu plus vrai) me dis-je « le vin est tiré il faut le boire » sauf que ce vin là ressemble plutôt à du vinaigre !
Gibus me fait une magnifique démonstration dont l’aisance me donne confiance. Mais désireux de conserver votre estime, vous n’aurez pas droit à ma photo car je n’ai absolument pas le même style !
Au terme d’un passage délicat dans un goulet resserré nous parvenons sur un premier palier où nous faisons une pause. En contemplant le chemin parcouru, je comprends que quelque soient les difficultés à venir il me serait personnellement difficile de faire demi tour.
Heureusement le tronçon suivant se révèle un peu moins difficile et nous offre un répit qui me permet de récupérer quelques forces.
Mais le répit est de courte durée car une nouvelle paroi se dresse bientôt devant nous qui me met, au sens propre comme au sens figuré, au pied du mur ! C’est dans ce genre de situation que l’on apprend ce que l’on a vraiment dans le ventre (outre le petit déjeuner du matin ). Et j’avoue sans fausse modestie que, le style mis à part, je ne me suis pas déçu, car j'ai franchi l'obstacle sans trop de difficulté. Et puis c’est toujours avec plaisir que s’offre une occasion de lever un « toast » à notre exploit avec mon ami Gibus (mais bon, on n’en est pas encore malheureusement à l’heure de l’apéritif).
On arrive en vue d’une deuxième plateforme qui nous permet de reprendre notre souffle (ce qui est absolument nécessaire parce que qu’il faut être « gonflés à bloc » pour emprunter cet itinéraire).
Nous apercevons environ 700mètres en contrebas le fil blanc du torrent Heric qui sinue au fond des gorges d’où nous sommes partis. Concentrés sur notre ascension nous n’avons pas vu le temps passer et sommes surpris d’être déjà si haut.
D’ailleurs, les pics de pierre qui émergent à notre niveau nous indiquent que nous sommes près du but .
Il nous reste un dernier passage délicat à franchir,mais, dopés par les difficultés déjà vaincues, nous survolons ce dernier obstacle (Bon, soyons honnête, dans mon cas le terme « survol » est j’en conviens un peu exagéré et c’est pour ça que vous avez droit à la photo de Gibus).
Enfin, nous touchons au but ! La joie et la fierté m’envahissent. Il faut dire qu’à mon age où l’on passe son temps à chercher ses lunettes et le titre du film que l’on a vu à la télé la veille au soir, les motifs de fierté se font rares ! Alors quand on en tient un, on en profite !
Et puis la vue dont on jouit du plateau nous récompense des efforts accomplis et des pincements intestinaux ressentis !
Soudain, ébahis nous entendons une voix de stentor qui nous dit « bravo les gars, ça faisait longtemps que quelqu’un n’était pas grimpé par là » Nous nous retournons et apercevons le Génie du Caroux (chaque montagne a son Génie) qui nous fait un large sourire puis retourne à son immobilité, soucieux de ne pas abandonner la surveillance du domaine dont il est chargé.
Le laissant à sa noble mission, nous traversons la plateau couvert de bruyères en fleurs à la recherche d’un endroit ombragé pour pique-niquer et célébrer dignement (une première fois) l’événement.
Puis nous redescendons dans les gorges par le chemin traditionnel bordé de superbes vasques dont les eaux rafraîchissantes nous permettent de refaire le plein d’énergie pour achever notre périple. Deux belles blondes (Heine & Ken ) nous attendent dans notre voiture avec lesquelles nous célébrons dignement (une seconde fois) notre exploit (parce que nous le valons bien !).
Heureux homme nous sommes qui avons trouvé notre Graal !
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Texte & Photos Ulysse et Gibus
15:16 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (42) | Tags : charbonniers, graal, heric, caroux
17/07/2015
Pentu et long le chemin pour le refuge de l'étang d’Araing (Ariège)
Notre papi vous a un peu laissé tomber ces derniers temps en recyclant sur son blog d’antiques chroniques. Il faut dire qu’il passe son temps à gratouiller sa guitare en se prenant pour Paul Mc Cartney, sauf qu’il n'a ni les cheveux, ni le talent de cet ex-Beatle. La seule chose qu’ils ont en commun c’est qu’ils étaient ados avant l’invention de l’ordinateur, ce qui remonte presque au temps des dinosaures ! Il était donc temps qu’on vienne le sortir de sa crise néo soixante-huitarde et qu’on l’emmène se balader pour qu’il puisse vous raconter une nouvelle histoire ! Nous voilà donc partis de bon matin, Romain, Tom et moi Emilie, accompagnés de nos géniteurs et grands géniteurs (dont Ulysse et Gibus) en route pour le refuge de l’étang d’Araing en Ariège situé à 1965 mètres, soit 1100mètres de dénivelé !
A peine avons nous attaqué la longue montée qui mène au refuge que Gibus veut nous faire croire que l’on doit traverser un talweg sur un tronc d’arbre mort. Mais lui comme mon papi Ulysse, n’ont pas encore compris que leurs blagues ne sont plus de notre âge et que je suis une pré-ado à qui on ne la fait pas ! C’est curieux comme les adultes croient que leurs enfants et petits enfants sont crédules, alors que ce sont eux qui se laissent embobiner à chaque élection !
A peine sortis de la magnifique hêtraie dans laquelle nous progression, nous découvrons un paysage beau à couper le souffle, souffle au demeurant déjà bien coupé par la pente qui se fait plus raide. Mais cela ne nous empêche pas Tom, Romain et moi de faire la course en tête. Bon, il faut reconnaître que les sacs de nos géniteurs sont un peu plus lourds que les nôtres, ce qui n’est que justice car quand on voit l’état du monde qu’il nous laisse en héritage, il est naturel qu’ils portent aujourd’hui la plus grosse part du barda !
Parvenus à 1400mètres d’altitude, nous géniteurs décident de faire la pause pique-nique, décision que nous ne contestons pas, l’esprit frondeur de la jeune génération d’aujourd’hui cédant le pas aux exigences du ventre ! Gibus découvre alors avec stupéfaction que son vieux copain de « sommets, caves & brasseries » n’a pas emporté son flacon de nectar habituel sous les pressants conseils de sa descendance qui a jugé qu’il faisait trop chaud pour rendre hommage à Bacchus! Mais sa générosité ne l’empêche pas de partager le sien, malgré l’infâme trahison de son vieux copain.
Revigorés, nous regagnons le chemin, qui devient de plus en plus pentu et rocailleux. Parvenus à 1700mètres d’altitude, ruisselants de sueur - la chaleur étant inhabituellement élevée à cette altitude (le réchauffement climatique n’est pas une fadaise !) nous nous précipitons tous dans le cours d’un maigre ruisseau pour tenter de nous rafraîchir.
Mais il nous faut reprendre l’ascension de plus en plus ardue et j’avoue être assez fière de faire la course en tête. Bon, si l’on réfléchit un peu , on se dit qu’il y a forcément mon papi devant pour prendre la photo, mais on peut considérer que papi et Gibus sont hors-jeu, vu leur entraînement.
Et après quatre heures de montée (auxquelles il faut ajouter une heure de pique-nique) Tom, Romain et moi suivis de papi arrivons enfin en vue du refuge.
Nous nous y précipitons avec en tête la vision d’une bouteille d’Orangina glacée ….alors que c’est plutôt une belle blonde qui hante celle de mon papi et de Gibus, malgré leur âge canonique !
Aussi fiers qu’Amstrong le jour où il a posé le pied sur la lune nous saluons notre papi photographe afin de fixer cet exploit pour la postérité ! Bon, mon propos vous paraîtra un peu grandiloquent, mais quand même : grimper 1100mètres de dénivelé en quatre heures par une température de 30°avec un sac à dos à nos âges respectifs de 11 et 9 ans, ce n’est pas rien.
Il faut dire que la vue que l’on a du refuge sur le cirque de montagnes qui plongent dans un lac aux eaux turquoises nous récompense et au delà des efforts de la montée.
Mais à peine avons nous repris notre souffle que mon papi me propose d’aller faire une partie de luge K-Way au col situé à 200mètres au dessus du refuge et qui est recouvert d’un névé. Nullement fatiguée par mon ascension, je réponds favorablement à cette invitation bien que je ne sache pas vraiment en quoi consiste la luge K-Way, mais les jeunes filles d’aujourd’hui n’ont peur de rien !
De fait le jeu consiste à se mettre un K-way sous les fesses et à se laisser glisser sur le névé. Mon papi, qui a dans sa très lointaine jeunesse pratiqué ce sport, me fait une brillante démonstration.
Et sans vouloir me vanter je me montre une excellente élève !
Un peu épuisés par nos exploits sportifs, nous nous asseyons un instant au col pour contempler la succession de chaines de montagnes dont est constitué ce majestueux et sauvage massif Pyrénéen, royaume de l’ours et de l’izard, ilôt paradisiaque de notre belle planète peu à peu ravagée et dévastée par les adorateurs du veau d’or qui pense que les dollars qu’ils accumulent sur leur compte en banque leur assurera le bonheur. Or comme l’a dit Sitting bull, le grand chef sioux « Quand les hommes blancs auront coupé le dernier arbre, pollué la dernier ruisseau, pêché le dernier poisson,alors ils s'apercevront que l'argent ne se mange pas".
Pendant que nous restons à admirer le paysage, Gibus qui n’a pas eu son comptant de dénivelé grimpe au sommet du Crabère (2630m) qui domine le col.
Mais il est temps de redescendre au refuge pour prendre possession de notre dortoir, endroit qui n’est pas le plus recherché car c’est là où se concentrent odeurs de chaussettes et concerts de ronflements. Mais pour une parisienne habituée au métro parisien, le lieu semble presque agréable. De toute façon pour jouir des merveilleux panoramas qu’offre la haute montagne et de l’ivresse que procure les cimes, il faut en passer par là !
près avoir installé nos couchages, vient le temps de la détente au cours duquel les loisirs vont du sirotage de jus de houblon pour les plus anciens ou, pour ce qui me concerne, à la lecture d’un livre. Et oui, n’étant pas encore ado et je n’ai pas encore de portable et suis condamnée aux loisirs antiques, que j’apprécie au demeurant !
Puis vient le moment, tant attendu par nos estomacs affamés, du dîner. L’aspect du premier plat, une garbure ariégeoise, refroidit un peu notre enthousiasme mais elle se révèle délicieuse et tout le monde en reprend, même moi qui habituellement n’aime pas les soupes avec des « trucs » dedans !
Après une nuit en pointillés à cause de certains ronfleurs dont par solidarité familiale je tairai les noms, nous nous levons aux aurores pour prendre un copieux petit déjeuner. Prendre un café ou un thé qui s’apparente au jus de chaussette à 7 heures du matin ne correspond pas à priori à la définition de vacances idylliques. Et pourtant je peux vous assurer qu’en jetant un œil à travers la fenêtre du refuge à la montagne magnifiée par le soleil levant, on ne regrette pas la nuit chaotique que l’on a passée au son des trompettes, sauf papi qui avait ses boules Quiès et s’est révélé être un épouvantable musicien (finalement je n’ai pas pu résister à cafter l’un des coupables du concert nocturne)
Le temps étant aussi radieux que la veille, la descente s’annonce idyllique et c’est d’un cœur léger que nous nous remettons notre barda sur le dos !
Et effectivement, pour descendre il suffit de mettre un pied devant l’autre et de laisser agir la force de gravité tout en gardant un œil ouvert pour surveiller les cailloux facétieux qui n’ont qu’une idée : vous mettre le cul par terre !
Mais la descente se passe sans incident et les benjamins, qui ont eu un peu de mal à me suivre à la montée, font les fiérots, mais ça c’est l’effet des gênes XY toujours prêt à faire le fanfaron quand il n’y a aucun péril en la demeure !
Ce que j’aime dans la montagne c’est qu’elle nous rappelle que malgré nos gratte-ciels et nos prouesses technologiques en tous genres nous ne sommes que des fourmis et qu’il suffirait que la Terre donne un coup d’épaule pour se débarrasser de nous qui prenons si peu soin d’elle.
Mais « que la montagne est belle » comme l’a chanté un artiste du siècle dernier que mon papi aime bien et j’avoue que je suis étonné que, vu son grand âge il soit encore capable d’y grimper. Je vais finir par croire que ses divins nectars y sont pour quelque chose !
Le seul obstacle que nous rencontrons lors de notre descente se présente sous la forme d’un troupeau de vaches dont les cornes nous incitent à leur laisser bien volontiers la priorité !
Et nous voici revenus quasiment au point de départ. C’est avec nostalgie que nous contemplons ce torrent qui va continuer à descendre la montagne alors que nous allons devoir la quitter. Mais c’est promis l’année prochaine nous reviendrons !
C'est la période des vacances et vous allez vous retrouver à coincer la « bulle » quelque part dans un jardin, sur une plage ou au bord d’un ruisseau, votre MP 3 collé sur les oreilles, car c’est connu la musique adoucit les mœurs et vu l’état du monde vous avez bien besoin que vos mœurs soient apaisées ! Pourquoi ne pas y mettre quelques chansons de mon cru qui figurent dans mon dernier album "Ti Punch" et qui vous emmèneront aux Antilles, lieu éminemment dépaysant ! Vous pourrez ainsi écouter la complainte du Coupeur de canne, vous laisser bercer par la langueur de Marie-Galante, sentir les envoutantes effluves du Ti’ Punch ou écouter la sensuelle histoire du Bernard-l’hermite…..
C’est sur Deezer (cliquez sur le nom) ou Spotify ou encore Itunes….
PS Vous y trouverez aussi mes autres albums "Bidochon dream " et "Jennifer" (cliquez sur le titre)
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Texte Emilie et photos Ulysse (sauf 7, 15 et 20 Buffler ainsi que 14 Sébastien )
22:03 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : araing, ariège, verrat, bacchus