19/09/2009
Périple en Andorre - Première partie : Mise en jambes au Val d’Inclès (31/08/2009)
Certains d’entre vous ont dû trouver bizarre que je parte pour l’Andorre au moment même ou le vizir des finances annonçait à grands renforts de pipeaux médiatiques qu’il avait obtenu des banques suisses une liste de 3000 fraudeurs du fisc auxquels il promettait de passer l’éponge sur les pénalités s’ils régularisaient leur situation avant Noël.
Notons au passage qu’aucun des médias concernés n’a dénoncé le scandale que représente une telle bienveillance alors que les contribuables « lambda » comme vous et moi se font sévèrement aligner s’ils oublient de déclarer quelques euros glanés par ci par là. Mais ceux qui me lisent n’en sont, pas plus que moi, étonnés car ils n’ignorent pas le dicton qu’appliquent avec rigueur les pouvoirs publics dans notre démonarchie « Selon que vous serez puissant ou misérable…. »
J’insinuais donc que d’aucuns ont pu croire que je faisais partie de ces bienheureux « 3000 » et que je prenais les devants pour aller transférer ma toison d’or (d’où le choix de mon pseudo Ulysse ! ) des rives du lac Léman vers les sommets Andorrans.
Et bien non je n’en suis pas ! le seul club des 3000 auquel j’appartienne est le club de ceux qui ont frotté la semelle de leurs godillots sur des sommets de 3000m !
Et c’est donc là la raison de ma virée en Andorre : aller fricoter avec quelques nouveaux 3000 (ou les approchant, on ne va pas chipoter !) en compagnie d’un groupe d’amis que connaissent bien ceux qui me suivent depuis quelques années .
Parvenus en Andorre en fin de matinée, nous partons explorer le val d’Inclès pour une doucette mise en jambes. Ce qui surprend en Andorre quand on vient de l’Hérault où les murs en cairons bruts posés de guingois sont la règle et où les détritus polluent partout la nature (cf à titre d’exemple en copie d'un article du Midi Libre du 18/09/2009) c’est la beauté et l’harmonie des habitations et la propreté des sites. Certes le pouvoir d’achat des andorrans est plus élevé que celui des languedociens, mais je ne pense pas que le respect de l’environnement soit une affaire de niveau de vie, c’est surtout une question d’éducation, de civisme, de respect de soi et des autres.
Une petite « croûte » ayant été cassée , assortie vous vous en doutez bien, de flacons de pluie aromatisée par les bons soins de vitis viniféra, nous remontons un moment le cours d’un torrent dont les eaux en apparence pacifiques oeuvrent avec une infinie patience au démantèlement des montagnes qui l’environnent. Une leçon pour l’homme qui apprend qu’avec de la volonté et de la ténacité on peut venir à bout de n’importe quel obstacle.
Puis le chemin prend peu à peu de l’altitude, soucieux de ne pas mettre à trop rude épreuve nos jambes encore enkilosées par quelques heures de route. Des épilobes dressent leurs corolles mauves le long du chemin nous faisant une haie d’honneur à l’image de ce pays accueillant. Rappelons que l’Andorre a une longue tradition d’hospitalité et a été une terre de refuge pour les républicains espagnols persécutés par les sbires de Franco.
Après une petite heure de marche, nous parvenons à l’entrée d’un cirque de montagnes au fond duquel on aperçoit la cabane de Siscaro . Les abris de montagne andorrans dont l’entrée est libre sont étonnants de propreté et vierges de tout graffiti, au contraire de ceux que l’on trouve dans notre région souvent souillés par des détritus de tous ordres et des graffitis nombrilistes (du genre « c’est moi que je suis passé là » ) voire obscènes.
Il est vrai que depuis les galeries souillées d’excréments du Château de Versailles sous Louis XIV et où la cour masquait sa crasse sous la poudre de riz, nous n’avons guère progressé en France en matière de propreté. Les trottoirs « encrottés », les plages « enmégottées », les bords de route jonchés de détritus ainsi que l’état généralement déplorable des toilettes publiques et de celles des cafés restaurants sont hélas la vitrine en ce domaine de notre «beau mais odorant pays !
Un ruisseau court sous les herbes qui couvrent le fond du cirque traçant un immense serpent argenté auquel le vent donne vie
Une légère dépression capte l’eau et donne naissance à une mare où des milliers d’animalcules aquatiques s’en donnent à cœur joie célébrant le foisonnement et la résilience de la vie dans ce monde austère .
Nous choisissons quelques rochers pas trop pointus pour y poser nos douillets postérieurs et restons là à contempler le paysage devenant herbe parmi les herbes, pierre parmi les pierres .
Prenez le temps de vous asseoir aussi jusqu’à ce que ce paysage entre en vous mêmes et que peu à peu s’y dissolvent vos soucis.
Pour ma part, tant que je pourrai marcher et contempler de tels paysages et que me souviendrai où sont cachées les clés de ma cave j’aurais envie de rester en vie…. !
Je finirai hélas par une note moins flatteuse pour ce pays qui comporte aussi sa cohorte de chasseurs dont l’intelligence ne semble pas supérieure à celle des chasseurs des autres pays.
En témoigne ce panneau sur la faune que l’on peut rencontrer dans le Val d’Inclès et dont les deux espèces protégées, l’ours et le Gypaète » sont symboliquement marqués d’impacts de balles de fusils ! Si les chasseurs veulent qu’on les respecte, qu’ils se débarrassent de leurs « brebis » galeuses !
A suivre….
PS: je ne peux malheureusement pas répondre dans l'immédiat à vos commentaires étant parti quelques jours en Dordogne
Texte & photos Ulysse
17:01 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : andorre, val d'inclès, chasse, impôt
09/01/2009
Le Caroux est en vue, mouflon y es tu ?
Respectueux des traditions j'ai pris une certain nombre de résolutions pour 2009 et jusqu'à présent, foin de fausse
modestie, je suis assez fier de mon score ! J'avais en effet prévu de commencer l'année comme j'avais fini 2008, en allant
tenir compagnie à Neptune, ce que j'ai fait avec deux de mes compagnons « chemineurs » le 1er janvier au matin dans
une mer à 7°, bien moins que les divins breuvages bus la veille au soir !

Un autre de mes objectifs était de photographier un (au moins !) mouflon (d'autres
préfèrent les starlettes, c'est une question d'age sans doute !) Un ange a du lire ma liste
par dessus mon épaule, car le 5 janvier sur les hauteurs du Caroux j'ai enfin pu apercevoir
cet animal mythique que je traque sans succès depuis des années! Mais laissez moi vous
conter cette dernière aventure !
Ce jour là, la météo annonçant un temps froid mais ensoleillé pour la journée nous prenons la direction du hameau
de Fages sur les contreforts du Caroux où nous abandonnons notre cercueil à roulettes (il faut dire que rouler sur les routes
de l'Hérault, champion toutes catégories en 2008 des accidents de la route, équivaut certains jours à jouer à la roulette
russe !)
L'équipement hivernal de notre ami Gibus, qui, comme à l'accoutumée, ouvre la marche malgré le fagot de bois
qu'il porte sur son sac, est un bon indicateur de la température qui sévit alors en ces lieux malgré un soleil éclatant.
Tous nos sens sont aux aguets dans l'espoir d'apercevoir des mouflons qui peuplent le massif depuis leur réintroduction
à la fin des années cinquante à partir de sujets originaires de Corse.
La pureté de l'air qui offre une vision à l'infini, nous permet de vérifier que la terre est toujours ronde, ce qui
malheureusement ne garantit pas pour autant au monde de tourner rond, tant certains bipèdes ont l'esprit tordu ! Malgré
la magnificence du paysage, nous sommes quelque peu frustrés, pas une seule corne de mouflon ne se montrant
à l'horizon !
Nous progressons d'un bon pas en direction du plateau, en foulant les os granitiques du Caroux qui émergent de la
maigre couche de terre arable où ne poussent que la bruyère et quelques arbres égarés que le vent se plait à torturer.
A défaut de mouflons, nous croisons des 4X 4 de chasseurs, pourtant interdits sur les sentiers du Caroux, et de temps à
autre l'écho d'une détonation vient troubler le silence qui règne en ces lieux.
Marianne est bien complaisante avec ces nemrods au petit pied qui hantent monts et vaux leur pétoire en
bandoulière ! Il est vrai qu'elle est née dans l'odeur de la poudre ! Et nos gouvernants actuels qui ont pourtant signé les
accords de Grenelle sur l'environnement ne sont pas à une contradiction ou a une lâcheté près vu qu'ils viennent de faire
adopter des mesures de simplification et d'élargissement du droit de chasse ! C'est sans doute parce qu'il court comme
un lièvre que Nicolas se laisse impressionner par les frénétiques de la gachette !
Parvenus sur le plateau, nous découvrons, campé à l'horizon, le Canigou, roi des Catalans, emmitouflé dans
une écharpe de nuages qui lui confère une grande élégance. Mais toujours pas la queue d'un mouflon en vue !
Pour rejoindre le refuge de Fontsalès, nous empruntons le chemin sur pilotis qui franchit la tourbière qui occupe
le centre du plateau où prolifère la drosera, appelée aussi« rosée du soleil » seule plante insectivore croissant sur le
pourtour méditerranéen. Ces pilotis et les panneaux pédagogiques qui les accompagnent sont en bien piteux état et
menacent de sombrer dans l'eau, mais en ces temps de vaches maigres, qui ira mettre un euro pour restaurer un
ouvrage emprunté par des traînes-godillots ?
Parvenus au refuge, nous faisons un feu d'enfer pour nous régaler - entre autres mets qui n'ont rien à envier à
ceux du réveillon - d'un déliceux vin chaud et d'une galette des rois. J'hérite pour une fois de la fève et j'ai ainsi l'immense
bonheur d'être nommé, par les amis qui m 'accompagnent, roi du Caroux. Je mettrais mes cheveux à couper que c'est
un titre que ce cher Barak Obama, s'il connaissait la beauté des lieux, souhaiterait troquer contre son poste de Président
des Etats Unis.
Nous nous rendons ensuite à la table d'orientation qui domine la vallée de l'Orb où je prends la mesure de
l'immensité de mon domaine, mais un coup de vent facétieux emporte ma couronne. Me voici roi déchu, mais j'accepte
ce sort sans amertume aucune, n'ayant aucune inclination pour la vie de fanfreluches que mènent les reines et rois
de ce monde.
Puis nous nous dirigeons vers le flanc ouest du Caroux dominant les Gorges d'Héric et dont l'ossature
d'orthogneiss (mes connaissances géologiques en épateront sans doute certains mais, pour être honnête, elles
doivent beaucoup à internet) a été mis à nu par les intempéries et dresse des chaos rocheux ruiniformes au dessus
du vide. Nous scrutons des yeux les alentours, mais toujours pas la pointe d'une oreille de mouflon à l'horizon !
J'invite les grelotteux et frissonneux qui passent leur hiver à ramper sous leur couette à affronter a moins une fois
dans leur vie les frimas hivernaux du Caroux pour en admirer la beauté des dagues de glace qui ornent son pourpoint
de pierre.
Du sommet du Caroux, l'Hérault, que les nordistes prennent pour un département exclusivement balnéaire peuplé
de nudistes, révèle sa nature montueuse. Notez que j'aurais pu choisir l'adjectif montagneux, car certains dénivelés de
randonnée n'ont rien à envier aux balades pyrénéennes ou alpines, mais j'ai voulu éviter le reproche que l'on fait
généralement aux gens du sud ( quelquefois justifié) d'être tous des clones de Tartarin !
Nous sommes encore émoustillés de la vision des mamelons bleutés des "collines" héraultaises, lorsque enfin
nous apercevons sur la crête devant nous un couple de mouflons qui, grâce au vent contraire, ne nous ont pas « senti »
arriver. Ils nous observent un instant avant de nous montrer leur derrière, manifestant ainsi tout le respect qu'ils ont
pour l'espèce humaine !
Des Lutins malicieux ont dessiné dans la neige un visage grimaçant qui nous tire la langue ! Sans doute ne savent ils
pas que je suis un ami de Lutin Bleu ! Sans rancune, chers Lutins, le monde a besoin d'irrévérence et d'insolence à une
époque où l' Ordre des Ploutocrates du Rendement à Quinze pour Cent nous a mis dans l'ornière !
Nous arrivons sur le ponti culminant du Caroux (1090m) et Gibus qui veut faire la pige aux Mouflons se perche sur
le cairn sommital. Sans en référer à Nicolas qui pourrait se "rembrunir" ...nous nous autorisons à lui attribuer le titre
d'homme le plus en vue de ce début d'année 2009 !
Nous n'avons pas besoin de suivre son exemple pour admirer une dernière fois le majestueux Canigou que
le soleil qui décline commence à ourler d'un brouillard doré.
Nous empruntons un sentier qui semble mener tout droit au ciel, mais ragaiilardis par cette journée sur
le Caroux nous décidons de rester encore quelques temps sur cette planète, aussi mal en point soit elle, et au dernier
moment nous basculons vers la vallée.
Revenus près de notre charrette, une voix nous hèle ! Surpris nous nous retournons et découvrons avec
stupeur l'une des falaises du Caroux prendre la forme d'un visage humain et nous adresser ce message
« Merci de votre visite, amis des mouflons, revenez quand vous voudrez, vous serez toujours les bienvenus ! »
Emus aux larmes, nous lui faisons un signe de la main et nous lui promettons de revenir dès que possible.
Texte & Photos Ulysse
10:27 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (44) | Tags : caroux, mouflon, canigou, chasse
21/01/2008
Qui va à la chasse.....
Qui va à la chasse ...est parfois un gros « dégueulasse » ! je prends le risque de vous choquer chers lecteurs et lectrices avec ce terme quelque peu grossier, qui tranche avec ma prose habituellement plus châtiée, mais il est des cas où il faut savoir appeler un chat un chat !
Et ce cas s'est produit l'autre jour lorsque je suis monté visiter la maison forestières des Plos nichée sur les contreforts des monts de Saint Guilhem le Désert .
C'est un endroit qui assume fièrement sa nature méditerranéenne : des collines de calcaire rongées par l'eau et couvertes de thym, de romarins, d'arbousiers, de genévriers de cyprès et de quelques pins d'Alep qui profitent de la disparition progressive des troupeaux de moutons et de chèvres pour s'installer.
Le paysage est d'une beauté austère, qui préserve de vastes horizons propices à la marche méditative.
En grimpant vers le plateau, où est nichée la maison forestière, on découvre peu à peu vers l'ouest la vaste plaine d'où émerge au loin la « dent de requin » du mont Vissou.
En arrivant sur le plateau on est accueilli par la fraicheur de la forêt domaniale de Saint Guilhem le désert constituée pour l'essentiel de chênes verts, de pins et de cèdres vénérables.
Parvenu au niveau de la forêt domaniale on emprunte un sentier « botanique », où la gent arboricole vous décline aimablement son identité, et qui vous mène à un point de vue somptueux sur les monts de Saint Guilhem et les gorges de l'Hérault qui serpente en contrebas, fil d'argent enchassé dans un fourreau de végétation.
Et c'est là qu'un un coup de sang m'a pris en découvrant un abri de chasseurs traîtreusement bâti pour surprendre la gent ailée qui passe à la saison des migrations en ces parages et qui permet à quelques Nemrods tarasconesques de faire un carton sans bouger le cul de leur siège à 100m de leur 4X4 .
Cet abri de chasseurs, comme c'est généralement le cas, était une véritable déchetterie polluée par les cartouches vides et leurs boites ainsi que les gobelets ayant servi aux libations des gros dégueulasses qui s'étaient planqués là.
N'allez pourtant pas croire que je suis un « anti-chasse » radical .J'admets que la régulation de certaines espèces par des chasseurs responsables (sanglier, cervidés, lapins ..) est incontournable pour éviter les dommages causés aux forêts ou plantations et réduire les risques d'épizooties.
Mais hélas trop souvent encore, malgré les efforts louables de pédagogie menés par les sociétés de chasse, cette activité est exercée par des jean-foutre qui tirent sut tout ce qui bouge et n'ont aucun respect pour l'environnement dans lequel ils évoluent, ni pour les autres « usagers » de la nature. Ils effacent les signalisations de randonnée considérant les randonneurs comme des intrus, tirent sur les panneaux routiers quand ils reviennent bredouilles, pénètrent dans les zones protégées, tirent sans identifier leur cible et tuent parfois hélas d'autres chasseurs (qui sont conscients des risques) ou, ce qui est plus dramatique, des promeneurs.
Voilà ce qui explique mon coup de gueule de ce jour et si les « bons chasseurs » veulent que je les respecte, qu'ils fassent le ménage dans leurs clubs et excluent les sagouins qui prennent la nature pour un manège de tir et une poubelle.
Quand je suis redescendu vers la plaine la nuit tombait et les animaux pouvaient enfin vaquer librement dans les collines...A un moment j'ai cru voir le reflet d'une étoile dans l'oeil d'un chevreuil caché dans les fourrés ....c'est un bonheur que les Nemrods avinés ne peuvent pas comprendre !
PS: Si vous aimez ce blog, je vous invite à jeter un oeil à mon autre blog "Piquesel" consacré à mes voyages
Texte & Photos Ulysse
09:45 Publié dans Divagations | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : chasse, maison forestière des plots