24/10/2008
A la conquête du Saint Guiral (1368m)
Le titre de ma note évoquera sans doute pour vous la quête du Saint Graal et il est vrai que ce choix n'est
pas innocent car ces aventures ont un point commun.
Certes le Saint Graal n'est qu'une chimère alors que le Saint Guiral est l'un des sommets du massif
des Cévennes auquel tout un chacun peut accéder. Mais ce qui rapproche ces démarches est qu'en les accomplissant,
le but que l'on poursuit vraiment, est la rencontre avec soi même, avec le risque de découvrir quelqu'un de
pas vraiment sympathique!
La détermination, la ténacité, les efforts qu'impliquent toute randonnée un brin sportive en montagne vous font,
de fait, cheminer en vous même, lieu qui se révèle au demeurant plus ou moins tortueux. Il n'y a plus
l'interposition des « choses » babillantes (télé, radio, mobiles) qui envahissent notre quotidien et sans cesse nous
tirent hors de nous.
Aussi le monde qui n'était plus qu'un décor retouve une densité, une présence grêce à l'interaction physique
intense entre nos muscles, nos yeux, notre souffle, notre coeur, nos pensées avec le sol, le vent, la lumière, les forêts,
les champs, la faune et la flore. En ville la seule chose qui nous relie à la nature sont lesdéjections que les cousins dégénérés
de canus lupus sèment sur les trottoirs pour tenter d'attirer l'attention des humains toujours pressés !
En grimpant vers le Saint Guiral, nous sommes en osmose avec l'univers dont notre conscience devient
le point central. Les lignes bleues des chaines de montagnes successives, dont émerge au loin le Pic d'Anjau,
forment des cercles magiques autour de ce centre. Je dis « magiques » car ces paysages m'hypnotisent et me
font penser aux vers d'Alphonse (Lamartine pour les non intimes ) « Objets inanimés avez vous donc une âme
qui s'attachent à notre âme et la forcent d'aimer ? »
Contrairement à nos contemporains qui meurent le plus souvent grabataires dans les hopitaux tuyautés
comme des circuits d'arrosage, les arbres ont su garder leur dignité et meurent debout offrant leur squelette à
notre méditation. Quand l'homme aura réussi à se rendre immortel, il n'aura plus de jeunesse ni d'age mur ni
de veillesse; il pleurera alors amèrement ces bonheurs enfuis des ages de la vie.
Une forêt de hêtres nous offre la fraîcheur de ses ramures et crée un théatre d'ombres qui jonglent
avec des confettis de soleil.
Nous voilà rendu au pied de la pointe rocheuse terminale du Saint Guiral .Nous réveillons le bouc qui sommeille
en nous et grimpons au sommet. La vue majestueuse (comment pourrait-il en être autrement ?) s'étend au delà
de Pluton mais faute de jumelles nous ne pouvons pas voir le temps qu'il y fait !
Entamant notre descente vers le village d'Alzon dont nous sommes partis, nous évitons de peu le
s tentacules d'un hêtre-poulpe qui tente de nous agripper au passage. Savez vous qu'il existe ansi des arbres
carnivores qui dévorent les promeneurs qui ont l'inconscience de passer trop près d'eux ou de se reposer à leur pied.
Nous pieds foulent la toison d'or des collines que les hommes puérils croient s'approprier en leur plantant
dans le dos des banderilles ornées de fils barbelés.
Des vaches qui en cette période de chasse craignent pour leur existence vu la maladresse
chronique des chasseurs du cru, apercevant des bipèdes (pourtant inoffensifs cette fois) se découvrent
des talents de chamois pour grimper le talus pourtant fort pentu
Avant de rejoindre nos pénates, rompus, fourbus, nous jouissons longuement du spectacle de la mer de
collines et de montagnes que nous avons arpentées et sur les chemins desquels nous (moi et moi) nous sommes
un instant « retrouvés » ..Ma foi, on a passé un bon moment ensemble, c'est assez réconfortant somme toute de
découvrir que l'on est « fréquentable ».
PS Cette randonnée qui part du village dAlzon fait environ 20km, 900m de dénivelé et représente 6H30
de marche effective. Pour plus de précisions, laissez un commentaire.
Texte & Photos Ulysse
09:37 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : saint guiral, alzon, cévennes