04/07/2013
Retour en hiver à Colombières
L’été a enfin daigné s’installer sur la majeure partie de notre hexagone, ce qui, pour les travailleurs, n’est finalement pas une bonne nouvelle, car cela leur fait plus cruellement ressentir leur manque de liberté. Aussi pour apaiser leur frustration, je leur dédie cette note hivernale qu’ils pourront ainsi lire en se disant qu’ils ont de la chance d’aller travailler pendant que des zigotos vont se geler en montagne sans y être obligés.
Nous partons du village de Colombières-le-Haut dont le clocher arbore une horloge qui semble uniquement là pour nous rappeler que le temps passe vite et que nous ne serons plus que des ombres alors que ses aiguilles continueront de tourner. Carpe diem ! Ne passez donc pas un seul jour sans faire quelque chose que vous aimez !
Ce que Gibus et moi aimons par dessus tout est d’emprunter les chemins les plus pentus du Caroux pour sentir nos cœurs battre le plus fort possible, ce qui amplifie notre sentiment d’exister. Les mauvais esprits, qui par erreur liraient ce blog (les lecteurs fidèles étant forcément des gens bien intentionnés) pourraient croire que l’ami Gibus porte sur son dos un carton de flacons « bacchusiens » pour notre pique-nique. Mais il n’y a dans ce carton qu’un fagot de petit bois sec pour faciliter l’allumage du feu. Je vous l’affirme droit dans les yeux, bien que la formule soit aujourd’hui bien dépréciée !
Il faut dire qu’en hiver le climat qui règne au sommet du Caroux n’a rien de méditerranéen, même si la grande bleue n’est qu’à 50 kilomètres à vol d’oiseau. Neige, blizzard et brouillard y sont fréquents et il est difficile d’y survivre une journée sans faire une bonne flambée dans le refuge de Fontsalès où nous vous avons maintes fois emmenés.
Les nombreux torrents qui prennent leur source dans ce massif et contribuent à son érosion – et oui, l’heure tourne même pour les montagnes – sont alors abondants, ce qui les rend parfois difficiles à franchir, comme nous l’allons voir tout à l’heure.
Après avoir essuyé une belle averse, nous faisons halte dans le refuge de Fontsalès, qui est pour les randonneurs mécréants ce que le paradis est pour les croyants, à la petite différence près que personne n’a encore jamais montré de photo du paradis.
Et histoire de vous prouver que le paradis est plutôt sur terre que dans les nues, voici la photo du menu servi à Fontsalès ce jour là et que Georges de la Tour peintre du XVIème siècle, célèbre pour son art de restituer les ambiances éclairées par une bougie, aurait été, j’en suis sûr, heureux d’immortaliser.
Revigorés, nous prenons le chemin du retour qui plonge – le mot n’est pas trop fort - vers la vallée où un soleil timide daigne enfin se montrer.
Comme souvent en hiver, où les bipèdes se font rares dans le massif, nous apercevons sur un éperon rocheux quatre magnifiques mouflons qui font sans doute sécher leur pelage au soleil enfin revenu.
Ils ont, pour une fois, l’extrême amabilité de se laisser observer, mais probablement savent-ils qu’ils n’ont rien à craindre de nous car les Nemrods ventripotents n’empruntent jamais des chemins aussi escarpés. Ils se postent généralement là où leurs 4X4 ne peuvent plus passer.
Nous poursuivons notre descente sous l’œil bienveillant du roi des lutins du Caroux, perché sur son promontoire d’où il contemple la beauté ineffable de son royaume.
Et il est vrai que ce modeste massif qui ne dépasse pas les 1100 mètres d’altitude n’a rien à envier à ses alter ego alpin ou pyrénéen en matières de gorges, de falaises, d’à pics et d’aiguilles rocheuses, comme le savent celles et ceux qui nous suivent depuis des années.
Je vous ai laissé entendre, au début de mon récit, que les torrents du Caroux pouvaient poser, en cette saison hivernale, quelques problèmes de franchissement. A vrai dire, les problèmes sont pour votre serviteur car l’ami Gibus, qui doit être un clone de « superman », se rit de ce genre d’obstacles.
En deux temps, trois mouvements Gibus franchit les deux bras du torrent avec une élégance et une légèreté dignes d’un danseur étoile. Bravo l’artiste !
Cet obstacle franchi, la descente se poursuit sans encombre, les arbres morts ayant jusqu’à présent – touchons du bois – l’excellente idée de se coucher avant ou après notre passage. Ce qui est heureux sinon Eldorad'oc serait fermé depuis longtemps !
Et nous rejoignons notre point de départ par l’un de ces magnifiques chemins caladés bâtis par les anciens, qu’en pensée nous remercions chaleureusement pour le travail gigantesque qu’ils ont effectué et qui nous permet d’accéder à cette merveille qu’est le Caroux .
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Texte & Photos Ulysse
11:21 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : caroux, paradis, georges de la tour, calade