07/11/2015
Omelette aux cèpes au sommet !
Après avoir fait mille et une virées dans le Caroux, Gibus et moi ne pensions pas que ce vieil ami avait encore des secrets pour nous. Et bien nous étions dans l’erreur car aujourd’hui nous avons eu droit à une magnifique et éprouvante surprise ! Laissez moi vous conter notre aventure ! Nous voici donc partis, Gibus et moi, en ce matin frisquet, de Saint Martin de l’Arçon, pittoresque village ancré sur le contrefort du versant méridional du Caroux. Notre objectif est d’aller déjeuner au refuge de Font Salesse en empruntant successivement la piste dite du ruisseau de Saint Martin de l’Arçon puis celles des Biterrois, du Garrel et enfin du Peyro-Grosso, un itinéraire assez sportif mais sans difficulté technique particulière.
Mais le sort ou les dieux (je vous laisse le choix selon vos croyances) en décide autrement. En effet, parvenus à l’embranchement d’où part notre itinéraire, nous apercevons un cairn placé sur un rocher qui émerge dans le sous bois en amont, que nous n’avions jamais repéré jusqu’alors. Généralement les cairns signalent une voie d’accès et, toujours à l’affut de nouveaux itinéraires, nous nous décidons à suivre la direction indiquée.
Très vite nous découvrons qu’il n’ y a pas à proprement parler de chemin, les cairns nous conduisant peu à peu vers un chaos rocheux qui suit la ligne de crête d’un repli montagneux montant jusqu’au sommet du Caroux.
Nous progressons donc en grimpant et dégrimpant des amas de rochers en équilibre plus ou moins stable et dont nous craignons à tout moment qu’ils ne basculent sous nos pieds .
Malgré notre goût pour l’imprévu nous sommes un tantinet inquiets car nous craignons que chaque monticule rocheux que nous escaladons ne débouche sur le vide. Nous serions alors obliger de faire demi tour, n’ayant pas de corde qui nous permettrait de descendre en rappel. Mais comme disent nos très chers amis « britishs » « so far so good » et nous enchainons nos promontoires rocheux sans trop de difficulté ni de frayeur.
Ayant basculé de l’autre coté d’un promontoire nous avons même l’immense bonheur d’apercevoir, sur le repli montagneux parallèle au nôtre, un mouflon et deux mouflonnes fort étonnés de nous voir en un tel lieu. Nullement inquiets, vu la distance et le relief qui nous séparent, ils nous offrent le loisir de les admirer longuement, rare échange pacifique entre l’homme et des animaux sauvages plus habitués à être lâchement assassinés par des Nemrods qui ont plus de plomb autour de leur bedaine que dans leur carafon !
Après cette rencontre inespérée et rassérénante, une mauvais surprise nous attend. Après avoir en effet grimpé un amas rocheux un peu plus élevé et pentu que les autres, nous débouchons sur une paroi qu’il est risqué de descendre sans corde. Ce n’est pas tant qu’elle soit très haute (environ six mètres) mais le replat sur lequel elle débouche est bordé par le vide et toute chute pourrait donc nous y précipiter.
Nous rebroussons chemin et cherchons un passage contournant ce promontoire. Nous finissons par le trouver en rampant quasiment dans le taillis de chênes verts qui couvrent les flancs du repli montagneux. Une cinquantaine de mètres en amont nous retrouvons avec soulagement les cairns en espérant ne pas tomber sur d’autres obstacles aussi techniques. Mais la chance ou les dieux sont avec nous et la fin de notre périple s’achève sans trop de difficultés.
Ce type de parcours très sportif dans un environnement montagnard somptueux fait tout le charme de ce petit et modeste massif qu’est notre très cher Caroux. Je comprends que notre ami Marc qui nous a récemment quitté en soit tombé amoureux. J’espère que là où il est il peut le parcourir à loisir sans avoir à se mettre à quatre pattes voire à plat ventre comme nous l’avons fait ce matin Gibus et moi .
Parvenus sur le plateau l’ami Gibus, auquel rien n’échappe, aperçoit un magnifique bolet au pied d’un hêtre dont nous avons le malheur de croiser le chemin. Car le pauvre bougre ne sait pas que nous avons dans nos sacs à dos une poêle et des œufs pour se faire une omelette qu’il va donc agrémenter. Je sais, certains me feront le reproche de prendre la défense des mouflons et d’accepter sans état d’âme de sacrifier un champignon. Mais « nobody’s perfect » !
Et voici, histoire de vous mettre l’eau à la bouche, quelques images sur la préparation du « plat du jour » servi à l’auberge du refuge de Font Salesse : Couper le champignon en fines lamelles et le faire cuire sur le feu …..
Battre les œufs dans le récipient à votre disposition, en l’occurrence nos verres ……
Puis verser les œufs battus sur les morceaux de champignon.....
Laisser cuire en veillant à conserver le moelleux de l’omelette - ce qui n'est pas évident sur un feu de bois - en se régalant du fumet qui envahit le refuge….
Couper en veillant à faire deux parts équitables pour ne pas gâcher une longue et belle amitié…..
Et se régaler en accompagnant l’omelette d’un verre de rosé d'Oc, le rouge d'Oc étant réservé pour le fromage qui suivra....(vous avez là le secret de notre éternelle jeunesse !)
Ayant festoyé nous reprenons tranquillement le chemin du retour l’âme ouverte aux merveilles de ce monde que l’on trouve au bout de nos chaussures .
Car après ces délices épicuriens, la nature offre à nos yeux éblouis son magnifique patchwork de végétation multicolore.
Et du chemin en balcon qui nous ramène à bon port on contemple la galaxie bleutée de monts et collines qui ornent notre région, baignés d’une brume qui efface toute trace humaine et nous donne le sentiment d’être seuls au monde.
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE
09:29 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : caroux, cèpe, épicure, omelette
06/03/2013
A l’assaut du Roc du Caroux, cramponnez vous !
Hello ! C’est moi Léo, me voilà de retour dans le Languedoc pour quelques jours de vacances. Pendant tout l’hiver j’ai suivi les aventures de Gibus et de mon Papi Ulysse dans les massifs du Haut Languedoc et ça m’a donné des fourmis dans les jambes. J’avoue qu’ils m’épatent ces « vieux » qui résistent vaille que vaille au principe de l’entropie et je connais pas mal de mes copains qui auraient du mal à les suivre. Mais moi qui ai collé à leurs basques depuis ma plus tendre enfance, je leur file le train sans difficulté. Il faut dire que le cocktail hormonal de l’adolescence est, pour ce qui me concerne d’une efficacité redoutable, et pas seulement pour les loisirs de plein air, car c’est avec frayeur que ma mamie me voit me mettre à table !
Nous voilà donc partis, en ce froid matin hivernal, Gibus, papi et moi à l’assaut du Roc du Caroux par les abrupts et pierreux sentiers des Gardes, des Aiguilles et du Rieutord. Moi, le parigot condamné à respirer un air qui sent le benzène et l’eau croupie (la région parisienne est en cette saison un vrai marigot) je dois vous avouer qu’au sein de cette nature sauvage dont l’air est pollué par les seuls pets des mouflons, je revis !
Nous partons du pont des soupirs qui franchit le torrent d’Héric pour nous diriger vers le col de Bertouyre. Ce pont est bien nommé car à peine l’a-t-on traversé que le sentier met votre souffle et votre cœur à rude épreuve. Aussi ceux qui sont déjà passés par là ne peuvent que soupirer, sachant ce qui les attend. Mais bon, le panorama qui s’offre à vous vous récompense de vos efforts. Quand on est citadin, on finit par oublier que la nature peut être aussi belle. Mais n’est ce pas cette faculté d’oubli qui permet à l’homme de supporter l’insupportable et notamment les métros bondés de gens crevés et maussades et les trains de banlieue en retard ?
Quittant la piste des Gardes fort bien entretenue nous abordons la piste des Aiguilles, beaucoup plus rocailleuse et sportive et qui, à plusieurs reprises, s’ingénie à nous faire descendre les quelques dizaines de mètres que nous avons eu quelque peine à grimper. Ce petit manège dure environ trois quart d’heure au terme desquels nous nous retrouvons à la même altitude qu’au départ. Je me doute que Gibus et papi ont choisi cette piste pour tester ma résistance et je suis leur rythme sans me plaindre, soucieux de leur montrer que les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas que les pouces de musclés et sont capables de faire autre chose que d’envoyer des SMS et de jouer aux jeux vidéo.
J’avoue même que je prends plaisir à emprunter ce genre de chemin taillé par les éléments dans le corps rocheux du Caroux. A chaque pas on doit assurer son équilibre en s’aidant des mains, ce qui crée un lien charnel avec cette montagne qui au fur et à mesure que l’on grimpe nous transmet son énergie. C’est ainsi que Gibus et mon papy, qui l’arpentent au moins une fois par semaine, restent aussi alertes que des mouflons.
Et puis le panorama qui s’offre à nous dans les trouées de verdure est grandiose. Les aiguilles de pierre se succèdent, orgueilleuses et pourtant vouées à disparaître sous la morsure tenace et patiente du gel, du soleil, de la pluie et du vent. Mais nous serons depuis longtemps retournés en poussière quand cela se produira, à moins que les scientifiques n’aient trouvé d’ici là l’élixir de longue vie. Mais si c’est pour prendre sa retraite à 1255 ans et faire toute sa vie des petits boulots sans intérêt, moi je dis non merci !
Nous parvenons enfin au bout de la piste des Aiguilles pour aborder celle du Rieutord qui monte franchement à travers un chaos de rochers et de végétation, ce qui donne à notre périple un coté « Indiana Jones » qui n’est pas fait pour me déplaire.
Après avoir traversé le torrent du Rieutord, le sentier grimpe sur des dalles rocheuses que le brouillard qui monte n’a pas, fort heureusement, encore rendues glissantes. La randonnée en montage est un bon exercice pour développer sa concentration car il faut à chaque pas s’assurer de la solidité de ses appuis et il est conseillé aux doux rêveurs de s’abstenir ! Mais en existe-t-il encore dans ce monde avide et impitoyable du capitalisme financier d’aujourd’hui ?
Nous parvenons enfin sur le plateau du Caroux au pied du Roc du Caroux(1058m) qui a donné son nom au massif, alors que les premières gouttes de pluie se mettent à tomber. Mais cela ne nous inquiète guère car il ne nous reste plus qu’une petite demi-heure de marche sans difficulté particulière pour rejoindre le refuge de Fontsalès.
Nous y voici enfin et Gibus fait une nouvelle fois la démonstration de son talent pour « allumer le feu » ! Jauni Halidadais peut en la matière aller se rhabiller, il ne fait pas le poids vis à vis de l’ami de mon papi ! Au passage vous remarquerez que nos T-Shirts sont trempés comme des éponges, ce qui vous donne une idée de la suée que nous avons attrapée en montant jusqu’ici malgré la température hivernale.
Et quel bonheur de déguster enfin une omelette fumante cuite au feu de bois, moi qui ai ces dernières semaines bavé d’envie en les contemplant sur le « blog » de mon papi. Vous qui en rêvez, je vous souhaite d’avoir un jour ce bonheur aussi !
Je serais bien resté là le reste de mes vacances mais Gibus et papy qui ne sont pas sans ressource et sans expérience auraient quand même eu du mal à satisfaire mon appétit féroce.Et quand j’ai très faim je deviens difficile à gérer !! Nous prenons donc le chemin du retour par un sentier heureusement plus convivial qu’à la montée car le temps ne s’est pas arrangé.
Ce massif du Caroux , pourtant de taille modeste, est étonnant par la diversité des panoramas qu’il offre. De multiples torrents y ont creusé d’impressionnantes gorges qui lui donnent, par endroits, un aspect pyrénéen.
Au fur et à mesure que nous descendons, nous retrouvons des conditions plus clémentes, ce qui ajouté au parfait état du chemin nous permet doucement de récupérer des efforts intenses fournis à la montée.
Mais il ne faut pas se fier aux apparences, même quand les conditions semblent favorables, la montagne est imprévisible et toujours un danger nous guette, comme cet énorme rocher en équilibre instable qui pourrait profiter de notre passage pour se laisser choir sur le chemin. Bon, je ne pense pas que ce soit demain la veille, mais on a mis cette photo juste pour faire frémir papa et maman qui sont toujours un peu inquiets quand le grand-père emmène ses petits enfants en randonnée !
En approchant du point de départ le chemin offre l’un des plus belles perspectives sur le massif du Caroux que l’on puisse admirer. Oui vraiment ce petit massif n’a rien à envier à son grand frère pyrénéen et c’est un bonheur que de pouvoir y randonner !
Texte Léo et Ulysse, photos Ulysse
10:22 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (48) | Tags : caroux, mouflon, omelette, entropie