24/05/2011
Mrs Livingstone, I presume ?
Nous voici à Mécle, point de départ d’une randonnée dans la montagne de Marcou.. La seule information que l’on trouve sur ce village est qu’il est situé sur le chemin de St Jacques de Compostelle. Michel et Nathalie Hager y ont d’ailleurs ouvert un Gîte d’étape « les Amoureux du Chemin » pour les pèlerins fatigués.
Si les gens heureux n’ont pas d’histoire, il doit en être de même pour les villages. De fait, il règne dans les ruelles de Mècle une ambiance sereine qui vous invite à y rêvasser.
Mais l’heure n’est pas encore venue de la « dolce vita » car il nous faut au préalable grimper sur le Marcou, objectif du jour. Nous voilà donc traversant une magnifique châtaigneraie en direction du col de la Fontasse.
Certaines forêts tropicales sont des enfers verts, mais ici on entre plutôt dans un paradis vert , les rayons du soleil inondant des tapis mordorés d’herbes et de fougères. Héroïques nous sommes (isn’t it ?) de ne pas céder à leur invitation pressante à s’y allonger.
Mais la présence de superbes orchis témoigne de l’humidité du sol ce qui nous fait moins regretter de n’avoir pas le temps d’y batifoler.
Après avoir franchi le Col du Layrac (765 m) nous grimpons jusqu’au Plo Auriol (880m) dominé par la masse imposante du Marcou (1087m). Les prairies sont couvertes de boutons d’or et le spectacle qui nous est ainsi offert nous subjugue tant que nous décidons d’y installer notre campement.
La vue vers les monts d’Orb au sud est tout aussi somptueuse et le ravissement qui nous saisit alors nous ferait presque oublier de nous restaurer.
J’ai bien dit « presque » car, outre d’être sensibles aux beautés de la nature, adeptes des délices liquides et solides du pays d’Oc nous sommes également. Ainsi saucissons et jambons de Lacaune, olives de Clermont l’Hérault, Pélardons des Cévennes, Zézettes de Sète ainsi qu'un Terret de Richemer et rosé de Fontès sont-ils bien vite sortis des sacs pour être transvaser dans nos estomacs.
Et vous en voyez, ici le résultat ! Il y a, vous en conviendrez, des existences plus misérables ! A vrai dire, je ne pense pas qu’il existe un milliardaire qui soit plus heureux que nous.. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai renoncé à accumuler les milliards.
L’heure ayant tourné à notre insu mais de notre plein gré (que voilà un bel oxymore !) il est trop tard pour faire l’ascension du Marcou, joli sommet que nous avons au demeurant déjà moult fois ascendé ! (et oui le verbe ascender existe !)
Mais si épicuriens nous sommes, vous savez bien que nous ne renâclons pas devant l’effort et les risques. Et l’itinéraire que nous empruntons pour la descente par la serre des Seilhes est tout aussi redoutable que l’ascension du Marcou .
Voici d’ailleurs l’un des quelques passages délicats que cet itinéraire comporte et qui vous convaincra que je ne galèje pas !
Vous comprendrez que dans ces moments là, il n’y a pas que la beauté des paysages qui nous coupe le souffle ! Mais il est rassurant de voir des plantes aussi délicates et fragiles que des œillets de montagne s’installer dans des endroits aussi périlleux.
Quel bonheur alors d’être immergé dans un monde sauvage, où les rares signes d’une présence humaine : un bout de route, une modeste masure , semblent prêts à être engloutis par le moindre soubresaut de la nature. Nous ressentons alors la trame qui nous lie à ce tissu vivant qui recouvre la terre et l’on désespère de voir que tant de nos contemporains ont oublié ce lien.
Mais il nous faut malgré tout « atterrir » et retrouver le plancher des humains car nous savons bien que nous ne saurions plus vivre dans cette nature sauvage qui fut le berceau de nos lointains ancêtres.
Mais quelle joie profonde, quel enrichissement, quelle source de sérénité nous procure une journée en montagne. Nous éprouvons à chaque fois le bonheur, l’excitation, l’émerveillement des explorateurs du XIXème siècle qui nés dans un monde industriel ont redécouvert le monde sauvage. D’ailleurs nous en avons l’allure et je ne serai pas surpris que quelqu’un salue un jour Marie, la femme de Gibus, par un « Mrs Livingstone, I presume ? »
Si nous étions déraisonnables, nous céderions à notre envie de monter à cru sur ces chevaux, que nous croisons en approchant de Mècles, pour partir jouer aux indiens ! Mais raisonnables nous sommes, hélas et ce sont nos chevaux-vapeur que nous rejoignons !
Texte & Photos Ulysse
18:00 Publié dans tourisme | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : marcou, pélardon, livingstone, compostelle